Un projet de step controversé

1 décembre 2016 | Revue de presse | 0 commentaires

Claude Gaignard devant le site du Lavasson où doit être construite la future step. Le syndic souhaite davantage de transparence dans la communication autour de ce projet. (© Sigfredo Haro, La Côte)La Municipalité de Luins estime être mal informée sur l’avancée du projet intercommunal de mégastation d’épuration.

MARIE-CHRISTINE FERT (La Côte.ch)

«Nous déplorons un manque de communication du comité de l’Association intercommunale pour l’épuration des eaux usées de La Côte (Apec) et de son président!» Dans une lettre ouverte, la Municipalité de Luins fait part de ses inquiétudes quant à la méga-station d’épuration (step) que projette l’Apec. Elle est prévue sur une parcelle de plus de 40 000 m2 en zone agricole et forestière située sur le territoire de la commune de Gland, sur le site du Lavasson, à la limite de Luins. Objectif primordial de cet équipement: se débarrasser des micropolluants dans les eaux propres. D’un montant de l’ordre de 100 millions de francs, il pourrait être mis en service en 2025 et regrouper 30 communes du District de Nyon. Conséquence: la suppression de quatre steps existantes: la Dullive à Gland (gérée par l’Apec et qui traite les eaux usées de vingt-et-une communes), Prangins et Gingins-Chéserex, toutes deux saturées, et celle de Nyon, à l’Asse.

Déclencheur du courroux de la Municipalité de Luins? La publication par l’Apec d’une brochure en tous-ménages sur l’aventure de l’épuration, sans qu’il soit précisé à la population qu’un projet d’envergure est envisagé. «Nous prêchons la transparence. L’information doit être spontanée, explique Claude Gaignard, syndic de Luins.

Président de l’Apec, Yves Reymond était à l’étranger et injoignable hier. «Nous attendons pour l’instant les résultats d’études menées par le canton de Vaud et la Ville de Nyon», répond Gérard Gervaix, municipal à Begnins, membre du comité, pour expliquer le peu de communication faite aux communes. De son côté, le Conseil communal de Nyon avait demandé ce printemps à la Municipalité de réfléchir à une possible adaptation de la step de l’Asse au traitement des micropolluants. Une étude est en cours, dont les résultats seront connus au printemps prochain. Selon ces indications, la future step du Lavasson aura une capacité correspondant à 60 000 habitants – si Nyon conserve sa step de l’Asse – ou à 100 000 habitants si la ville-centre du district fait le choix d’être connectée au site glandois.

Communication sibylline

Ceci étant, les critiques formulées par la Municipalité de Luins rejoignent celles dénoncées par la Cour des comptes du canton de Vaud sur le déficit démocratique des associations intercommunales. Si un membre de la Municipalité de Luins fait partie de la commission de gestion, ce n’est pas le lieu, selon Claude Gaignard, pour obtenir des précisions sur l’avancée des dossiers. Quant au comité, il n’y a en son sein qu’un seul représentant des communes de Luins, Vinzel et Bursins. Un représentant qui d’ailleurs n’est pas de Luins. Ce fonctionnement des instances intercommunales, le syndic de Bassins Didier Lohri le dénonce depuis des années. Son village est également concerné par cette step et la Municipalité parvient à obtenir des informations par son délégué au sein de la commission des finances. «Lors des assemblées de ces associations intercommunales, la communication est toujours sibylline», tempête le syndic de Bassins.

Claude Gaignard est également étonné, au regard de l’importance de ce projet, qu’une ville comme Gland soit représentée par Yves Reymond, ancien syndic, qui n’est plus membre de l’exécutif. «C’est un choix de la Municipalité», répond son successeur Gérald Cretegny, qui rappelle que l’Apec est une société anonyme au sein de laquelle une commune peut être représentée par un membre de l’exécutif ou une personne désignée par la Municipalité. «Monsieur Reymond a une parfaite connaissance des dossiers», conclut le syndic, qui souligne au passage que l’Association de communes vaudoises est présidée par une personne qui ne fait plus partie d’un exécutif (Josephine Byrne Garelli, ancienne municipale rolloise).

UNE QUESTION DE TAILLE

Claude Gaignard est conscient de l’utilité d’une step mais, précise-t-il, pas de cette envergure. Il se montre critique vis-à-vis des politiques prônant une concentration des logements dans les villes et le report des infrastructures, telles que les steps, dans les communes périphériques. «Nous sommes privés de développement à cause de la Loi sur l’aménagement du territoire (LAT) et on en paye les frais!», regrette-t-il.

Facsimilé de l’article paru dans « La Côte » du 1er décembre 2016